Philosophie de comptoir.
Deux heures pour un déjeuner c'est un peu long, j'en conviens, surtout lorsqu'il s'agit de se nourrir au cours de la pause d'une longue journée de boulot.
Tranquillement installé à table, j'ai terminé le bouquin d'Agnès Desarthe, "Mangez-moi" qui raconte l'histoire d'une femme, rejetée pour une faute que l'on découvre peu à peu au cours du récit, rongée par les remords et se questionnant sans cesse. Une femme qui trouve le courage d'ouvrir un restaurant dans lequel se croise une population hétéroclite et attachante. Bouquin facile à lire mais d'une belle écriture et remplie d'émotions. J'aime d'ailleurs ces livres de femmes écrits par des femmes qui se dénudent et nous démontrent, nous les hommes, que le monde n'est pas manichéen, que les hommes ne sont pas forcément tous des salauds et les femmes des saintes. Ca fait du bien ;-) parfois.
Après une volaille flambée au cognac, servie avec divers légumes et accompagnée d'un petit vin de Bordeaux goulayant, il était temps, pensè-je, de m'envoyer un double-express pour retourner à mes préoccupations professionnelles.
Comme à mon habitude, je me lève alors de table pour prendre le café sur le zinc, échangeant quelques mots avec d'autres habitués et le serveur. Mais aujourd'hui c'est un peu différent car j'ai fait la connaissance d'une charmante femme espagnole. Je me sens alors obligé de prendre un moelleux au chocolat afin de prolonger ce futur tête à tête mon déjeuner.
Echange courtois puis exalté ... on parle du livre, des rapports hommes-femmes. On prend visiblement du plaisir à échanger. Elle me disait qu'il fallait souffrir pour être humble et qu'elle avait choisit l'humilité comme voie pour guider sa vie. Je lui disais que je préférais emprunter la voie du plaisir pour une vie de bonheur ...
- Vous n'est pas humble ? Vous êtes prétentieux alors ? me dit-elle ...
Ouh la la ... c'est plus compliqué que cela. L'humilité et le plaisir ne sont pas opposés me semble t-il et la souffrance nous tombe dessus sans crier gare. Mais si je devais choisir entre "prétentieux et heureux" contre "humble dans la souffrance", y'a pas photo ... je suis prétentieux.
En retournant au bureau, je me suis fait la réflexion qu'il y a quelques années, j'aurais abondé dans le sens de cette femme qui me plaisait et que j'ai cherché à séduire. Mais aujourd'hui, je n'ai plus envie de parler à l'encontre de mes opinions ... juste pour la drague ... juste dans l'hypothése de revoir une femme et poursuivre l'échange.
Je sais que nous nous croiserons à nouveau dans ce bar, je sais que nous reparlerons à nouveau de ces sujets, je sais que nous chercherons à convaincre l'autre avec nos arguments et je sais surtout que je ne veux plus me renier pour les beaux yeux d'une femme. Je me fais vieux ? ou je deviens humble ?
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